Attention !!!! allez voir mon nouveau site :
www.unbonweekend.com
Les autres pages sur l'orgue :
les photos du Hammond , la synthèse
additive ,
Mon orgue, ah, mon orgue ...
C'est un orgue Hammond modèle A100 de 1962. Récemment remis à
neuf par M. Alain Kahn (que je remercie encore), j'en ai profité pour
changer la boite, et mettre une boite de C3, plus légère.
Résumé des épisodes suivants : Le B3 Hammond sort
en 1955, dans l'indifférence (!!!). Au moment oû Jimmy Smith démontre
l'interêt de cet instrument, en 1958, Hammond s'apprête à
sortir le successeur du B3, le A100, qui possède en plus un ampli intégré,
avec une somptueuse reverb à ressort, et un meuble différent.
Devant l'explosion des ventes, grace à J. Smith, la firme décide
de reprendre la production des B3, parallèlement à celle des A100.
Le C3 est comme le B3, mais dans un meuble différent.
Donc, j'avais un A100, j'ai changé de meuble pour celui d'un C3,
plus léger (130 kilos au lieu de 183). Ceux qui ont suivi ont remarqué
que je me retrouvais avec un ampli et une reverb sur les bras. J'ai donc, avec
mes petites mains, fabriqué une boite pour caser tout ça. Le son
est terrible.
Photos de mon A100 , en
concert .
La cabine Leslie
Pour ceux qui savent pas, c'est un haut parleur rotatif, qui brasse
le son et "le fais tourner". La mienne, c'est une classique 147, à
lampes donc (il n'y a pas Un transistor sur le trajet du signal !).
Un ampli Hammond modèle HR 40, fabriqué de 1947 à 1953,
énorme, peu puissant, mais alors, le son... Ouh la la. Contient la première
reverb à ressort (c'est un brevet Hammond), la plus belle, mais la plus
dure à régler.
Bon, alors maintenant, comment ça marche, un orgue hammond ?
D'abord, l'interêt d'avoir deux claviers, dits "manuels" sur
un orgue, plutôt qu'un seul, est tout betement que cela permet d'avoir
deux sons différents immédiatement accessibles (ou plus si on
a 3, 4, 5 claviers, comme dans les grandes orgues d'église). Par exemple,
pour un jeu jazz habituel à l'orgue hammond, un son pour la main gauche,
qui jouera par exemple la basse, et un autre son pour la main droite, qui jouera
des accords, un solo, etc .... Mais on peut aussi bien jouer avec la main gauche
en haut ou en bas, pareil avec la droite. On a aussi un troisième clavier,
joué avec les pieds, le pédalier, qui fait 2 octave sur les orgues
de la famille B3, mais qui peut faire plus ou moins, suivant les modèles,
les marques, l'usage ... Dans la grande famille des orgues, il n'y a pas vraiment
de hiérarchie entre ces 3 claviers (ou plus), en ce sens que les 3 peuvent
jouer les mêmes notes, et avec le même son (déclencher les
mêmes "tuyaux"). Le pédalier n'est pas par essence plus
grave que les manuels, même si on l'utilise souvent dans ce sens. Dans
les orgues d'église, il pourra même jouer plus haut que les autres,
si l'on veut. Le pédalier de l'orgue hammond est lui un restreint à
un jeu avec des sons graves, il n'a que deux tirettes pour modeler le son (qui
en plus sont des mixtures, c'est à dire des mélanges tout fait
d'harmoniques).
Pour être complet sur les orgues d'église, il y a en plus des accouplements
possibles entre claviers, qui font qu'une note jouée sur un clavier déclenche
aussi la même note du clavier qui lui est supérieur, mais que la
note jouée sur le clavier supérieur ne déclenche pas la
note du clavier inférieur. Vous voyez l'intéret ? Ceci introduit
une hiérarchie qui permet aux claviers inférieurs (pédalier
compris) de jouer tout ce que jouent les claviers supérieurs, et pas
l'inverse.
Dans la partie gauche des deux manuels, on a une octave de touches de clavier avec les couleurs inversées (où les "notes blanches" sont noires, les notes altérées sont blanches). Cet octave ne joue pas de notes, ses touches s'enfoncent et restent bloquées, et permettent de sélectionner quel jeu de tirettes est actif : le Si bémol du manuel inférieur sélectionnne le jeu de 9 tirettes le plus à gauche, le Si bécare le 2em jeu de tirettes, le Si Bémol du manuel supérieur le troisieme jeu de tirettes (pour le manuel supérieur, donc), et le Si bécare le 4em (Evidemment, ces notes sélectionnent des jeu de tirettes qui vont correspondre au clavier auquelles elles appartiennent, et d'autre part, on ne peut en enclencher qu'une à la fois par clavier, l'enfoncement d'une de ces notes relachant celle qui était précedemment enclenchée).
Et donc, une fois le jeu de tirettes choisi, avec les tirettes harmoniques (drawbars en anglais), on fabrique le timbre d'un des clavier. Allez voir la redoutable page sur la synthèse additive, où il y a des exemples sonores, et où je rentre vraiment dans le détail, avec les roues phoniques, etc. N'hésitez pas au moins à aller la survoler ...
On a ainsi quatre jeux de 9 tirettes chacuns, modifiables en "temps réel" (et qu'ils soient en usage ou non, ce qui peut permettre de préparer un jeu avant de l'utiliser). Les deux jeux de gauche sont assignés au manuel inférieur, les deux de droite au manuel supérieur. Plus encore deux tirettes au millieu, pour le pédalier. Chaque tirette correspond à une harmonique, avec 9 positions de volume, de zéro au maximum. (vous voyez que ça vaudrait peut être le coup d'aller jeter un oeuil sur la page sur la synthèse additive...)
Dans la partie du clavier en couleurs inversée, les Si et Si bémol sont utilisés pour choisir quel jeu de drawbars est actif, il reste donc encore 9 touches, de Ré bémol à La, qui permettent de sélectionner des jeu "tout faits" plutôt que les drawbars. Et le Do tout à gauche désenclenche les autres touches en couleur inversées, rendant le clavier muet.
Les jeux "tout faits" sont modifiables ... il faut ouvrir l'arrière de l'orgue, et l'on retrouve la même chose que les tirettes, mais avec des fils, à visser sur des barres qui correspondent au volume de chaque harmonique. On a donc, pour chacune des 9 touches du clavier en couleur inversés, 9 fils, correspondant aux 9 harmoniques des drawbars, qui se placent sur 9 barettes correspondant au 9 positions de volume de chaque harmonique. Multiplié par deux, puisque l'on a deux claviers. Soit en tout 162 fils, répartis en 18 petits torrons de 9 fils, avec des couleurs différentes. Une usine à gaz ?
Placé au dessus du pédalier, légerement sur la droite,
en face du pied droit, on trouve la pédale de volume, qui contrôle
le son de tout l'orgue (et pas d'un des clavier en particulier), et qui est
assez primordial dans le jeu de l'orgue hammond. Quand un organiste
s'assoit, la premiere chose qui détermine sa position face à l'orgue,
c'est son pied droit qui doit se poser confortablement sur la pédale
de volume, on peut presque reconnaitre les organistes habituels à ça.
Grâce à cette pédale, on peut, en plus de controler le volume
général, ajouter des inflexions, des accents, des effets, etc
... Pri-mor-dial !
Un petit commutateur, le premier en haut à gauche sur le pupitre, permet
en plus de jouer fort ou doucement, en plus de la pédale de volume. Notons
que les orgues d'église n'ont pas cette possibilité de variation
de volume, du moins pas aussi efficacement, comme on vera à la fin.
Cette ensemble est commun à tous les orgues Hammond haut de gamme depuis
le premier modèle, le A, jusqu'au B3, C3, A100, même les derniers
modèles électroniques, genre B3000, etc ... Certains ont des caractéristiques
encore plus complexes, mais je les connais mal, avec plus que 9 tirettes harmoniques,
des boites à rythme, des accouplements de claviers, etc ...
Il y a eu aussi des modèles plus petits, à roue phonique aussi,
mais il leur manque toujours un truc réddhibitoire, c'est dommage. Leur
plus gros défaut, c'est qu'ils ne descendent pas assez grave, ils n'ont
pas les grosses basses, c'est frustrant. De plus, la plupart ont des compromis
sur l'électronique, et ça sonne beaucoup moins bien. Néanmois,
la famille des L100, avec ses dizaines de modèles différents,
permet déja de faire de la musique pour pas trop cher.
En 1948, avec le modèle B, grâce aux progrès de
l'électronique, et l'invention des lignes à retard, Hammond rajoute
un somptueux dispositif électromécanique de vibrato, et de chorus.
Le vibrato (le vrai !) est une modulation en fréquence du signal.
Clair ? Un son qui d'origine est à 1000 Hz va etre transformé
en un signal qui oscille périodiquement entre 995 et 1005 Hz, par exemple.
Le vibrato est un effet intuitivement utilisé par beaucoup d'instrumentistes,
le sommet étant dans le chant d'opéra, avec des vibrato d'une
tierce, voire plus. C'est à dire que l'on entend une note, alors que
le chanteur chante autour de la note, et parfois très loin. Et ensuite
notre cerveau d'auditeur reconstitue la note de base, qui n'est en fait pas
chantée !
Ce procédé a plein d'interêts, le premier étant l'expressivité,
la joliesse, le deuxième est que l'on n'est pas obligé de chanter
juste (comme on chante autour de la "vraie" note et que le cerveau
de l'auditeur reconstitue la note), et cela permet aussi d'entendre mieux le
chanteur (ou un soliste de l'orchestre), si les autres instruments jouent "droit",
le son avec vibrato se détache du reste de la masse sonore.
Le chorus est un mélange de son "droit" et de son avec
vibrato mixés ensembles.
Exemples
Attention à ne pas confondre le vibrato et le trémolo, qui est
un oscillation en amplitude (ie en volume).
Et donc, après des essais avec différents schémas électromécaniques,
Laurence Hammond choisit le plus compliqué, le plus cher, mais qui sonne
le mieux, et avec quel résultat ! Un chorus analogique (le seul ?), avec
une roue avec 12 contacteurs qui commutent cycliquement douze lignes à
retard de valeurs différentes. Un chorus sompteux, sans doute le plus
beau fabriqué.
Sur la photo, on voit le commutateur rotatif noir qui permet de sélectionner
parmi les 3 types de vibrato ou de chorus disponibles (obtenus en sélectionnant
mécaniquement quels contacteurs de lignes à retard sont actifs
... j'ai pas exactement compris, mais c'est un truc comme ça ...). Les
deux petits interrupteurs permettent d'enclencher ou pas le vibrato (ou le chorus)
sur le manuel supérieur, et inférieur.
Par rapport au modèle précédant, la grande nouveauté apportée sur le modèle B3, en 1955, est l'ajout de percussions harmoniques. Ceci n'a rien à voir avec une boite à rythme, c'est une petite harmonique que l'on peut ajouter au son (du clavier supérieur uniquement), en plus des harmoniques des tirettes, quand la note est déclenchée, et qui dure très peu de temps.
Exemple percu
Cette percussion a la particularité de n'être déclenchée que si la note qui la précède ne lui est pas liée. Ecoutez cet exemple où les notes sont détachées, la deuxième fois où les notes sont liées, et la troisième tantôt liées, tantôt détachées:
Exemple
En fait, pour être très précis, la percussion a un temps de décroissance, temps pendant lequel son volume diminue. Si l'on rejoue une autre note avant que cette décroissance soit terminée, on va entendre une percussion sur cette nouvelle note, mais au volume où en était arrivé la percussion de la première note. Et quand la première percussion a disparue, après le temps de décroissance, on n'entend plus les nouvelles percussions, leur volume est nul. Ceci dure tant que les notes sont liées. Si l'on rompt la liaison des notes, fut-ce un court instant, la percu peut rejouer à son volume de base. Exemple. Je sais, je pinaille.
Grâce aux 4 interrupteurs en haut à droite, on dispose, et uniquement pour le manuel supérieur, des réglages suivants : avec ou sans percussion, plus ou moins fort (cela change la proportion de son "normal" et de son de percussion), percussion plus ou poins longue (le temps que dure la percussion), et percussion à l'octave, ou à la quinte :
Exemples
Et pour continuer à être précis, les percussions ne sont disponibles que sur le manuel supérieur, avec le 3em jeu de tirettes actif (rendu actif par le Si bécare enfoncé dans la partie en couleurs inversées à la gauche du clavier). De plus, enclencher les percussions sur ce jeu supprime la dernière harmonique, la plus aigue, le Do 1', car les percussions utilisent le circuit électrique qui sert normalement à cette harmonique.
Cet ajout des percussions harmoniques sur le B3 était fait dans l'idée
de pouvoir imiter des marimbas, ou des petites percussions exotiques, l'idée
de base était d'assez mauvais goût ... Et cela fut mal accueuilli
par les clients, les ventes étant assez médiocres .... A tel point
qu'ils ont arreté la fabrication du B3 trois ans plus tard, pour lancer
le A100, qui n'était plus sur quatre pieds, mais en meuble genre piano
droit, et surtout avec une réverbération à ressort magnifique,
ainsi qu'un système d'amplification incorporé (mais qui gardait
heureusement toute l'électronique du B3, vibrato et percussions compris).
Jusqu'à ce que Jimmy Smith fasse entendre ce qu'on peut faire
avec cet instrument, que ce n'était pas qu'un instrument d'église,
de stade de base ball ou de variété exotique, c'est aussi un instrument
qui peut hurler, avec un son chaud et ample aussi bien qu'agressif à
souhait.
Parce qu'il y a autre chose qui a changé, et qui est à la base
du son, c'est la coupe des roues phoniques (voir la page sur la synthèse
additive), c'est à dire la forme des générateurs à
la base du son. Et avec les années, le son change, devenant moins "rond"
et plus agressif, permettant un usage beaucoup plus large qu'à l'origine,
en tout cas plus "rock&roll". Et grâce à Jimmy Smith,
les orgues Hammond connaissent une mode fulgurante, et devant le succès,
Hammond ressort le B3, en gardant le A100 au catalogue. Précisons
que le A100 était le plus cher des hammond à l'époque,
plus cher que le B3, à cause de la réverbération et des
amplis. Sa décote actuelle est due au fait que les gens ne connaissent
(et ne veulent connaitre) que "le B3", et que c'est le plus lourd
(183 Kg) et donc le plus chiant à transporter (un B3 fait quand même
dans les 130 kg...).
Un autre point rigolo, et facilement oublié, c'est que tous les orgues
hammond ne sonnent pas tous pareil, loin s'en faut. L'usine hammond est crée
à Chicago en 1934, grâce aux capitaux de Ford, et dans les années
50, puis les années 60, il y a des vagues de départ en retraite,
et des pertes de savoir faire. Parce que tout est fait à la main, dans
un hammond. Les soudures, bien sûr, mais aussi les transformateurs des
circuits d'électronique à lampe (il n'y a pas encore de transistor,
ce qui fait d'ailleurs beaucoup à la qualité du son). Or ce qui
fait qu'un circuit à lampe sonne ou pas, à part ça conception
et la qualité de la lampe choisie, c'est les transformateurs d'impédance,
où passe le signal. Et à l'époque, les ouvriers étaient
payés à la pièce, c'est à dire que les transfos,
bobinés à la main, n'étaient payés à l'ouvrier
que s'ils sonnaient bien ! Ce qui incite à bien travailler ... Et tout
à l'avenant. De telles conditions de travail sont maintenant reservées
au Tiers Monde ....
Et en plus des départs en retraite, et du savoir-faire qui disparait
avec, les conditions de travail aux Etats Unis se sont améliorées,
ce qui était certes un progrès social, mais mauvais du point de
vue de la qualité (c'est un gauchiste qui écrit
ça ?) ... Et donc, de fait, d'années en années,
les orgues Hammond sonnent de moins en moins bien, avec des paliers, en fonction
des charretées de départ en retraite ....De plus, avec l'énorme
production qui a suivi le succès de l'instrument, l'usine de Chicago
n'a plus suffit, et d'autres ont été crées, qui n'avaient
pas forcément le même savoir-faire.
Ceci dit, comme chaque orgue est fait main jusque dans ses plus intimes détails, deux orgues fabriqués le même mois dans la même usine peuvent sonner très différemment ... Ce qui implique aussi qu'il y a des orgues fabriqués tardivement qui sonnent quand même très, très bien. Une autre précision : un B3 coutait le prix d'une DS Citroen à peu près, soit dans les 150 000 balles de maintenant. Les musiciens qui s'achetaient ça se prennaient un crédit de plusieurs années. Donc les 50 000 francs que coûte habituellement un B3 moyen, c'est pas si cher que ça, non ? ... Il y a eu à peu près 1 million d'orgue type B3 (C3, A100, etc) de fabriqués, entre 1955 et 1975 !
Pour les amateurs de détails, on a encore deux interrupteurs en haut à droite, qui commandent les deux moteurs qui font démarrer, puis tourner les axes des roues phoniques et du vibrato-chorus. Le problème est qu'à l'époque, on ne sais pas réguler suffisamment une tension pour qu'un moteur électrique asynchrone tourne exactement à la bonne vitesse. Car c'est bien cette vitesse de rotation qui détermine la hauteur de l'instrument. Si la tension varie d'un poil, la hauteur suit directement, et l'instrument devient faux par rapport au reste de l'orchestre ... c'est ennuyeux. Par contre, ce qui varie très peu dans le secteur, c'est la fréquence (50 Hz en Europe, 60 Hz aux USA). Une solution simple consiste alors à prendre un moteur synchrone, qui a la propriété de se verrouiller sur la fréquence du secteur, et qui n'en bouge plus. Mais à l'époque, on ne sait pas faire des moteurs synchrones qui démarrent tout seuls ... Il y a donc un premier moteur, asynchrone, qui lance l'ensemble, et l'amène à tourner un peu trop vite, alimenté par le premier interrupteur. Puis on enclenche avec le deuxième interrupteur le moteur principal, synchrone, qui se calle sur la fréquence du secteur, à la bonne vitesse. On peut alors désenclencher le premier moteur. Tortueux, mais efficaces. C'est la raison pour laquelle on ne peut pas accorder un orgue hammond, sauf soit à changer le moteur synchrone pour un moderne, pilotable, soit à changer la fréquence du secteur, ce qui n'est pas simple, sauf peut être pour le fils du patron d'EDF.
Pour beaucoup de gens, le complément naturel et obligatoire de l'orgue hammond, c'est la Cabine Leslie.
Photo
Comme on peut voir, on a deux haut-parleurs. Le gros dirigé vers le bas, destiné aux fréquences basses, sort dans une sorte de tambour (comme de machine à laver) avec un pavillon acoustique qui dirige le son vers un des cotés, et qui a la possibilité de tourner, c'est même son seul intéret. Celui du haut est une "compression", cad une sorte de haut parleur avec une toute petite membrane, pour les fréquences aigues, et dont le son doit sortir dans un pavillon conique. Or ce pavillon (les trompes sur la photo) peut aussi tourner, simultanément au tambour, ce qui transforme le son ainsi :
exemple : à l'arret, au ralenti, à grande vitesse.
Précisons qu'une seule des trompes est utile, l'autre ne sert qu'à équilibrer mécaniquement celle qui fait passer le son. La rotation des trompes et tambour est faite par des moteurs, déclenchés, par l'intermédiaire de relais électriques, par un ou des commutateurs à la portée de l'organiste.
Que ce passe-t-il, acoustiquement, quand les moteurs font tourner
les pavillons des hauts parleurs ? On a d'abord une modulation d'amplitude (de
volume, cad un trémolo), car quand les pavillons sont dirigés
vers l'auditeur, celui-ci entend le son plus fort, et quand la direction change,
le son diminue. On a aussi un effet sur la phase des signaux (c'est plus compliqué
à expliquer), d'autant plus que pour équilibrer l'ensemble, le
haut et le bas tourne dans des sens opposés, afin que les couples de
rotation s'annulent.
Et à grande vitesse, on a en plus un effet doeppler (vous vous rappellez,
la sirène de l'ambulance qui est d'abord plus aigue, puis plus grave
?), particulièrement audible sur les fréquences aigues. En effet,
quand la trompe tourne, tantôt elle se rapproche, tantôt elle s'éloigne
de l'auditeur, avec une vitesse de plusieurs mètres par seconde, ce qui
crée un effet de vibrato : le son est "pitché" alternativement
vers le haut , puis vers le bas, périodiquement sur un cycle de rotation
de la trompe.
Et quand on arrête la rotation (ce qui n'est pas possible sur tous les modèles de Leslie), il se produit que les trompes et tambours s'arrêtent au hasard, pas forcément dans la direction de l'auditeur, du micro ou de l'organiste. Le son est alors différent à chaque fois, c'est bien, ça change, et de façon aléatoire.
Pour driver les hauts parleurs, on a un amplificateur (ou plusieurs), à lampe ou à transitor, ce qui change le son.
Alors, j'ai commencé à vous parler de Leslie en disant "pour beaucoup de gens", c'est parce qu'au début, ça n'a pas fait l'unanimité, et même que Laurence Hammond a fait des procès pour que les deux noms ne soient pas associés ! Les premières cabines étaient fabriquées par CBS-Columbia, elle sont magnifiquement rococo :
Photo
Et puis avec le temps, Hammond s'est habitué, acceptant que les deux soient vendus ensembles. Ceci dit, Hammond a toujours fabriqué des amplis "droits" somptueux, avec des dispositifs de réverbération à ressort (c'est aussi une invention Hammond, la réverb à ressort). Et de très grands organistes, Eddy Louiss en tête, joue avec des amplis "droits". Chacun fait comme il veut, c'est le résultat qui compte. Les cabines Leslie ont été fabriquées par plein de marques différentes, dont beaucoup d'italiennes, de toutes tailles, avec un, deux, ou trois haut parleurs, et des variantes de détail. Mais les grands classiques restent les 122 et 147 à lampe, et la 760 à transistor, fabriquées par CBS.
Beaucoup des informations sur la firme Hammond me proviennent de M. Alain Kahn, qui est le meilleur spécialiste français des orgues Hammond, et qui prépare depuis des années son propre musée Hammond, le premier au monde, en Normandie, avec des pièces de collection incroyables qu'il met de coté depuis des années. Vivement qu'il soit ouvert, on va pouvoir en découvrir encore plein sur la marque Hammond, qui a inventée énormément de choses (on ne se rappelle que du B3, c'est un peu agaçant, à la longue...). Il doit aussi faire un site internet, je suis impatient de voir ça.
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